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JOUR 10

Jour 10, le monde extérieur me manque. C’est quoi les 4 phases du deuil déjà ? Ah, internet me dit qu’il y en a 5 : le choc et le déni, la colère et la révolte, la dépression et la résignation, la négociation, et finalement l’acceptation et l’intégration. Humhum pas sûre que ça fonctionne pour notre confinement-corona.
Enfin pour le choc ok, mais si j’ai fini cette première phase ça voudrait dire que je passe à la colère et la révolte. Ouais. A moins que cette étape ne fonctionne pas ici puisqu’on ne peut pas tellement se révolter étant donné que ça met toute la société en danger d’aller manifester. Macron a dit qu’on était la force de 3ème ligne, celle qui reste chez soi. (J’aime bien cette idée d’être un power ranger réserviste.) Ou alors c’était une phase de colère méga rapide quand on nous a dit que les événements sur lesquels je travaillais allaient tous être annulés ? Et je serais donc déjà en phase de dépression ?

Peut-être que si, c’est bien ça, je suis en colère parce que je vois tous les rappels de mon agenda qui m’annoncent tout un tas de trucs chouette que j’étais censée faire depuis 10 jours alors que ben de fait, non. Punaise j’ai déjà raté 4 spectacles, 1 anniversaire et tout un tas de verres dans des bars ! C’étaient 2 semaines particulièrement chargées et attendues. Zut quoi !
J’ai très envie de faire des expos aussi. Ça ne m’arrive pas autant dans la vraie vie quand je peux vraiment en faire, mais là je ne sais pas pourquoi, les musées me manquent, les salles d’expo, les gens qui prennent tout ce qu’ils voient en photo, ceux qui ne respectent pas les distances de politesse et viennent respirer dans mon cou, les couples super stylés qui ont l’air trop heureux, et les vieux chiants qui se plantent devant les panneaux explicatifs et commentent tout très fort. Même eux me manquent.
Mais dans la vraie vie jusqu’à présent il faisait froid et nuit et il fallait aller au travail tous les jours. Et puis quand c’était le week-end j’étais fatiguée de ma semaine. Là on doit tous se dire la même chose : ce serait le moment idéal pour aller traîner dans une petite expo, en semaine quand il n’y a que les retraités, et profiter du beau temps pour flâner aux abords du musée. Parce que non seulement on a plus de temps et on est moins fatigués de nos journées d’encroûtés, mais en plus il se met à faire vraiment très beau et ça donne envie d’en profiter. C’est du beau temps gâché.

Non mais ce n’est pas vrai, ça ne tient pas, on est tous méga fatigués parce qu’on dort tous bizarrement, on fait le point tous les matins et c’est la cata pour tout le monde. Jojo tente de domestiquer ses rêves pour qu’ils soient plus stylés et Charlotte se réveille 1h30 avant son réveil. Moi je dors par à-coups et mes rêves ne distinguent plus le travail de la vie privée, sûrement parce que mon corps et mon cerveau ne les distinguent plus non plus. C’est de l’arnaque on devrait tous péter la forme !

Ce matin c’était dur dur de se motiver pour le yoga (c’était dur dur de se lever aussi, et de se laver aussi) mais on a réussi ! Charlotte et moi nous obstinons. Je suis arrivée à la bourre et la séance avait déjà commencé : elle avait choisi du yoga vinyasa : bonjour le yoga de l’enfer. C’est un « yoga dynamique », j’avais l’impression de faire de l’aérobic. Me manquait plus que le justaucorps et le bandeau. En plus ces derniers jours (donc depuis hier) on met des vidéos en anglais. Je vous remets le contexte : il est 8h45, je suis réveillée depuis 10 minutes, j’ai juste eu le temps de prendre une douche pour réveiller 15% de mon corps et de mon esprit, et voilà qu’on doit faire du yoga plus vite que notre ombre tout en décryptant ce que dit la dame en anglais (un bon moyen de réviser l’anatomie cela dit) mais sans y arriver donc en se déboîtant le cou pour réussir à regarder l’ordi pour faire comme elle, tout en respectant l’alignement de notre colonne vertébrale blablabla.
Je me plains mais c’était cool, j’ai fait de l’exercice, et je crois que ça a réussi à me réveiller à 40% de plus. Tout bénef.

Par contre j’ai mangé ma dernière banane et mon dernier yaourt. Il ne me reste que 2 flanby. Ok il est temps d’aller faire des courses, je ne peux plus le nier.

J’ai pas peur de sortir, j’ai juste la flemme. On me dit fais le gros loir et reste chez toi, moi ça me va. On cuit sur le balcon qui est à l’abri du vent (on va prendre des coups de soleil à force, faut qu’on se calme), on écoute des podcasts intelligents, on nourrit nos élans créatifs, on fait du sport (surtout les autres) et Quentin nous ramène les trucs stylés à peine périmés de l’épicerie fine dans laquelle il travaille. A quoi bon sortir ?

Par ailleurs, rien à voir, est-ce qu’on peut quand même tous noter cet effet étrange qu’a ce confinement sur les cheveux de tout le monde ? Enfin sur les volontés capillaires de tout le monde ? J’ai l’impression qu’il y a 2 grandes tendances : les gens qui arrêtent de se laver la tête (comme moi) et les gens qui commencent à se raser la tête (comme Jojo). Moi je pensais être originale mais bon tant pis. Et Jojo n’a pas encore sauté le pas, mais il y a plein d’autres mecs qui l’ont fait ! Les deux choix correspondent à un truc qu’on a toujours rêvé de faire mais jamais pu mettre en pratique à cause du regard des autres. C’est la fête du cheveu. Après il y a des gens comme Marine qui tout à coup meurent d’envie de se faire une nouvelle coupe et une nouvelle couleur alors qu’il n’y a plus de coiffeurs, mais ça c’est les gens qui ne veulent que ce qu’ils ne peuvent pas avoir, chacun sa névrose. (😘)

Des considérations vitales et profondes somme toute.

Il paraît qu’un tiers de la population mondiale est confinée, 1 personne sur 3 nous a dit Jojo ce midi. Ça fait beaucoup. Je crois qu’il est temps que j’aille lire plus d’articles de médias divers pour m’intéresser à ce monde qui m’entoure.

2 commentaires sur “JOUR 10”

  1. Ma Juju, quel plaisir de te lire. Ça fait du bien d’avoir de tes nouvelles, et c’est d’autant plus intéressant via ce blog ! Hâte de découvrir tes chroniques au jour le jour, et de connaitre l’évolution de tes pensées, réflexions, mais surtout celle de tes cheveux. Je t’embrasse fort.

    1. JAUJAU ! Moi c’est l’évolution de tes talents tiktok que je suis trop contente d’observer. Je lâche pas l’affaire pour les cheveux, tu ne seras pas déçue. J’espère que tu vas bien dans ton sud, smack smack smack.

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