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TOBAGO

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Tobago – du 8 au 17 février – L’île aux colibris

Après une courte nuit dans un hôtel miteux à côté de l’aéroport de Trinidad, nous sommes partis pour Tobago le 8 février. Il y a 2 façons de passer d’une île à l’autre de ce pays : en avion ou en ferry. Le ferry part des docks de la capitale du pays Port of Spain vers la ville principale de Togabo, Scarborough. On pensait que ce serait plus simple (et écolo) que l’aéroport : en fait il faut arriver au ferry 2 heures avant le départ, procéder à des tests de sécurité dignes d’un aéroport international (ou presque), attendre longtemps, puis se geler dans l’énorme ferry très climatisé pendant 3 heures de voyage. Avec des personnes qui ont le mal de mer et le petit sachet en papier kraft prêt dans les mains.

On a habité dans deux lieux différents de l’île pendant notre séjour : 5 jours dans un tout petit village côtier du sud de l’île puis 4 dans un quartier résidentiel à l’ouest, près des plages et de la zone touristique. Pour la première partie du séjour, nos hôtes Airbnb nous ont conseillé de louer une voiture et ils ont bien fait, ça aurait été très compliqué et dommage de faire sans. On avait une petite Toyota hybride toute abimée et elle nous a permis de découvrir des merveilles tout autour de l’île ! Il fallait rouler à gauche sur des petites routes très sinueuses et pas toujours en bon état mais à part quelques petites frayeurs, ça a été.

Tobago est une petite île à l’est de Trinidad. Trinidad est l’île du business et de la vie nocturne et Tobago est l’atout charme et campagne. Elle est plus préservée, composée en grande partie d’une rainforest protégée au centre de l’île et de petits villages sur les côtes. Au sud-ouest se trouvent les plages touristiques, les resorts et attractions de sports et loisirs. Saint-Martin nous a confirmé que ce n’est pas notre partie préférée, alors on a carrément évité ces endroits-là. J’ai compris au fur et à mesure que plus on va vers l’est, plus on se trouve dans des régions reculées considérées comme campagnardes. C’est le cas de l’est de Tobago par rapport à l’ouest, et c’est le cas de Tobago par rapport à Trinidad. Apparemment avoir un accent de l’est de Tobago c’est un peu comme avoir un gros accent ch’ti en France. Pour moi peu importe les accents, plus on s’est enfoncés dans l’île, plus j’ai trouvé ça accueillant et magnifique !

Vue du balcon

Nous avons passé la première partie du séjour dans cette petite maisonnette, construite en bas du grand terrain de Jason et Isabelle, face à l’océan. C’était magnifique, entouré de grands arbres tropicaux et de petits animaux d’ici : colibris, oiseaux en tout genre, lézards gros et petits, iguanes, fourmis petites et grosses, chenilles noires à rayures vert et orange fluo. J’ai même croisé un agouti un matin, une sorte de souris sans queue grosse comme un petit chat ! Trop mimi. Toute la journée et la nuit, l’éternel fracas des vagues sur les rochers nous berçait. Mieux que les vrombissements du métro !

Jason a construit cette maison lui-même, ainsi que leur grande maison principale en haut du terrain. Avec Isabelle, allemande ou suisse-allemande selon mon enquête, ils nous ont aidés à savoir comment se débrouiller à Tobago, où faire nos courses, quelles villes ne pas manquer comme Speyside à l’est de l’île d’où Jason est originaire. C’était trop chouette d’habiter là !

Le bestiaire du bord de route

Comme à Saint-Martin, on croise toute sortes d’animaux sur les bords de route et on les retrouve dans les jardins des voisins partout où nous logeons.

Le plus présent devant mes roues et dans mes oreilles est le coq. Quasiment chaque maison a son coq et quelques poules. Dès 4h30 du matin ils commencent à annoncer le lever du jour, et ils ne semblent s’arrêter qu’après qu’il se soit couché. Nos journées sont rythmées par leurs chants. Ils se répondent d’un bout à l’autre du quartier à longueur de journée, je ne comprends pas ce qu’ils trouvent à se dire.

Après il y a les biquettes, souvent attachées mais pas toujours, prêtes à traverser la route quand ça leur chante. Quand on en croise en promenade et elles décident parfois de nous suivre. Les petits cabris sont très mignons mais leur bêlement semble venu de l’espace. A la Grenade où j’écris cet article, le voisin en a plusieurs et ils se font aussi entendre toute la journée ! Je n’en ai jamais côtoyé d’aussi près et surtout jamais autant. Malheureusement pour elles, il semblerait qu’elles soient nourries pour pouvoir être mangées : la viande de chèvre ou de cabri est souvent proposée en ragoût au restaurant.

On croise également quelques vaches, solitaires la plupart du temps, attachées sur le bord de la route. Elles ne bougent pas d’un poil quand on passe. Notre première rencontre avec une vache date du premier trajet en taxi de l’aéroport de Saint-Martin à notre logement : elle remontait la route sereinement en créant un long embouteillage derrière elle. On a eu quelques têtes à têtes saisissants comme quand, juste après un tournant en pente dans un petit sentier un peu sauvage de Tobago tout en haut d’une colline, on s’est retrouvés face à une très grosse vache flegmatique qui nous a regardés sans aucun intérêt. Elle était toujours là au retour, m’a laissée passer en voiture sans broncher.

Et enfin le dernier camarade de route à citer est le chien. A Tobago j’ai surtout croisé 2 catégories de chiens : les chiens domestiques, souvent enfermés ou attachés, qui aboient comme des fous dès qu’ils voient un piéton passer (alors que rien à faire des voitures). On n’est souvent pas très discrets quand on visite un quartier : dès que le premier nous voit et commence à aboyer, tous les chiens du quartiers deviennent dingues. Dans notre premier logement à Tobago, Isabelle nous a clairement dit qu’ils étaient là pour monter la garde et ils sont en effet très efficaces. La deuxième catégorie de chiens ce sont les chiens errants. Ils sont partout, couchés sur les bords de route, en train de traverser, ou en train de me suivre quand on est à pieds, ce qui a le don de me faire paniquer (oui, je sais bien qu’il suffit de les ignorer). J’ai rarement vu quelqu’un promener son chien, encore plus rarement vu quelqu’un avec son chien en laisse. Et ces chiens-là ne rentrent pas à l’intérieur.

Castara

Le premier village que nous ayons visité, en dehors du nôtre, était Castara. Pour y arriver, nous avons pris la route qui traverse l’île du sud au nord en passant par la rainforest. C’était sinueux mais magnifique, on passe entre les collines entièrement recouvertes de végétation très dense.

Castara est apparemment le meilleur compromis sur l’île entre authenticité et tourisme. C’est un village de pêcheur touristique : c’est à dire qu’il y a quelques maisons d’hôtes et au moment où nous y sommes passés, une vingtaine de touristes. On les a croisés sur la plage, puis à nouveau en faisant une promenade jusqu’à une cascade, puis à nouveau en buvant un coca. On les a même recroisés le lendemain en randonnée ! 20 touristes c’est de la zone touristique vraiment très agréable.

Le reste du village est construit sur la colline, c’est un mélange de très belles maisons colorées et de petites constructions un peu sommaires. Pas de ségrégation spatiale à Castara.

La rainforest

Nous avons fait une “randonnée” dans la rainforest, plus ancien parc naturel des Caraïbes puis qu’il date du 18e siècle. “Randonnée” parce qu’on nous sommes entrés en forêt avec un guide pour 1h30 de marche sur un sentier quasiment tout droit et tout plat où nous nous arrêtions tous les 5 mètres pour observer un oiseau, une plante, un crabe. Ce n’était pas très sportif. Mais notre guide nous a fourni de magnifiques bottes de pluie pour marcher dans les sentiers boueux et nous a montré plein de hummingbirds, des colibris, des oiseaux minuscules qui volent sur place à une vitesse de battement d’ailes telle qu’on ne voit pas leurs ailes. C’étaient des espèces apparemment assez rares !

En fait Tobago est une île très réputée pour les amateurs d’oiseaux, il en existe des centaines d’espèces dont certaines extrêmement rares. Moi, je n’y connais pas grand chose et on prenait déjà nos petits dejs en tête à tête avec les colibris de chez Jason et Isabelle alors j’étais contente mais pas renversée de joie non plus.

La randonnée s’est terminée une fois arrivés à cette jolie cascade ci-dessous et nous sommes repartis en sens inverse, de retour à la voiture 15 minutes plus tard.

Charlotteville

Notre dernière excursion nous a amenés tout à l’est de l’île, jusqu’au village de pêcheurs de Charlotteville. Là plus vraiment de touristes. C’était un dimanche donc c’était très calme mais comme ça au moins je pouvais rouler en plein milieu de la route sans problème !

On a mangé dans un petit restaurant très simple et très très bon, avec vue sur le village.

Mount Pleasant

La deuxième partie de voyage a été plus calme. Nous habitions dans une maisonnette d’un quartier résidentiel à 10 minutes en voiture des plages touristiques. Nous n’avions plus de voiture donc pour nous c’était plutôt minimum 35 minutes de marche sur les bords de route. On est allés à la plage de Buccoo, c’était une longue et belle plage où nous étions maximum une quarantaine de personnes (rien à voir avec la Méditerranée, donc). Nous n’avons pas toujours été chanceux côté météo : pendant la saison sèche il fait plutôt “frais” (moins de 30 degrés) et il y a eu quelques averses très rapides souvent quand on avait prévu de se baigner.

On était dans une maison encore une fois ouverte sur l’extérieur pour laisser entrer l’air mais beaucoup plus proche des voisins : le coq du voisin chantait sous notre fenêtre et le monsieur jardinait et creusait des trous à 3 mètres de nos têtes. Pas simple de se sentir à l’aise. Pas simple de faire la sieste non plus.

Les étonnements

Je me suis vite habituée, j’ai déjà du mal à me souvenir de ce qui m’a le plus surprise. Un petit cocktail tout de même :

  • Côté courses au supermarché : pas beaucoup de variété dans les enseignes de supermarché. A Tobago nous n’avons vu que des petites épiceries indépendantes, pas de grande enseigne. A l’intérieur il y a tout ce qu’il faut mais peu de choix. Par exemple, impossible d’éviter les produits Nestlé : au rayon lait il n’y a que ça. On peut seulement choisir entre lait entier et écrémé, pas de demi-écrémé (à la Grenade il y en a !). Le rayon frais est tout petit, il y a quelques yaourts, de la crème, du fromage rapé ou à raper et du fromage à burger. (à la Grenade où nous sommes maintenant, je viens de tester les “yaourts” : ils se conservent à température ambiante pendant 1 an et viennent d’Espagne. Je n’ai pas fait attention et j’ai acheté un truc périmé dans 2 jours (donc fabriqué en Espagne il y a un an), ça avait une consistance louche et un goût de poussière. On ne va pas retenter l’expérience !) Il n’y a pas de viande ou de poisson frais, que du surgelé. Le rayon surgelé est mieux fourni par contre. Moment de solitude en demandant des pâtes à une petite échoppe de bord de route, quand le monsieur a enfin compris il s’est exclamé : “OH macaronies!” (et nous a vendu des pâtes périmées). Ici les pâtes ça se mange à l’américaine, mac&cheese style. On a acheté des carottes canadiennes à un maraîcher local (oups) mais on trouve partout de la coconut fraîche où on peut boire l’eau de coco à la paille après qu’elle a été ouverte à la machette devant nos yeux. Et le meilleur pour la fin : ici les rouleaux de PQ sont emballés à l’unité.
  • A la plage à Buccoo, on a vu un monsieur baigner ses deux chèvres dans l’océan. L’une après l’autre. On était dubitatifs, on en a conclu qu’il les entrainait pour les courses de chèvres, loisir tobaguien très populaire.
  • Autre moment de solitude mémorable pour moi : le plein d’essence. Il faut acheter l’essence à l’avance à la caisse. La caisse c’est une petite cabine avec une vitre teintée et une petite ouverture pour parler. Je suis restée perdue à ne pas comprendre qu’il y avait une personne derrière cette vitre noire et que même si moi je ne la voyais pas, elle oui. Elle m’a demandé combien je voulais, je n’avais aucune idée (la monnaie à Trinidad est le TTD, dollar trinidadien, il vaut 1/7e de l’euro mais à ce moment-là je n’étais pas encore au top sur les conversions. Et je ne savais pas non plus combien valait le litre, à peu près 6TTD). J’ai demandé un demi-plein, la dame m’a gentiment proposé de payer 200TTD, j’ai dit oui puis réussi (avec l’aide de la dame qui attendait derrière moi) à mettre seulement l’équivalent de 115TTD dans la voiture dont le réservoir était encore à moitié rempli. Je suis repartie penaude avec ma voiture hybride qui n’a presque rien consommé de ce plein et 85TTD perdus. J’ai soutenu l’industrie pétrolière trinidadienne de plus de 10 euros.
  • Les clims et les frigo sont de la marque Frigidaire ! On n’avait plus vu ça depuis belle lurette
  • On est à cheval entre le Royaume-Uni (on conduit à gauche, les biscuits sont anglais au supermarché et les produits de beauté aussi) et les Etats-Unis (les prises, les voitures, les chaînes de restauration rapide sont américaines) le tout aux Caraïbes.

Ces 10 jours à Tobago ont été une très chouette mise en bouche à ce voyage. Le dépaysement était garanti après le passage confortable par Saint-Martin. On a vu des paysages magnifiques, croisé de belles personnes, découvert les spécificités de chaque partie de l’île qui n’est pourtant pas bien grande. J’ai apprécié la simplicité de l’accueil et la gentillesse des habitants.

Et dès qu’on a dû revenir en ville pour prendre le ferry au retour, je me suis instantanément dit que la douceur de la campagne me manquait déjà.

Mais fini le calme, le carnaval de Trinidad approchait.

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