Saba – le 4 février – La parenthèse enchantée

Depuis le début de l’organisation du voyage, Cyril avait repéré Saba comme une île à ne pas manquer. Nous l’avions programmée pour plus tard, mais une fois à Saint-Martin nous nous sommes dit qu’il valait mieux y aller dès maintenant pour être sûrs de l’avoir fait.
Saba est une minuscule île néerlandaise de 13km2 située à 44km au sud de Saint-Martin. Elle est accessible par ferry depuis Philipsburg, la capitale du côté néerlandais de Saint-Martin. Elle ne compte que 2000 habitants et Garvis, notre chauffeur de taxi pour la journée, nous a dit qu’elle ne comptait que 5 agents de police. Pas de place pour le crime sur une si petite île.
Ça a été une visite EXPRESS. Nous devions embarquer à 9h30 et arriver vers 11h. En fait nous n’avons pu embarquer qu’à 10h30 parce que des touristes énervants allant à Saint-Bart embarquaient en même temps que nous sur le bateau d’à côté et sont passés en premier. Nous sommes arrivés à 12h15 et n’avions que 2h30 pour visiter l’île.


Le trajet avait bien commencé. Nous étions assis en plein air à l’arrière du bateau et profitions de la douceur des embruns sur notre peau… En fait le bateau sautait de vague en vague et nous étions assis du mauvais côté. Nous sommes pris un max d’eau de mer dans la tête. C’était rigolo et on séchait vite mais au bout d’une heure, le temps a commencé à se gâter et nous avons dû descendre à l’intérieur. Moi, au bout d’une heure de houle, je commençais à ne pas faire la maligne. Et les 30 dernières minutes en pleine mer, passée à l’intérieur à regarder Fast and Furious sur l’écran devant moi (ERREUR, ne jamais regarder la télé en bateau) ont eu raison de mon estomac. J’étais apparemment pâle comme un néerlandais au premier jour des vacances et j’ai beaucoup lutté pour contrôler mon ventre. Finalement ça a été ! Mais ça nous a bien secoués.
En arrivant à Saba, on a demandé au poste frontière si la mer était agitée, le monsieur nous a répondu que non, elle était plutôt normale. Ok.
Comme on avait très peu de temps pour visiter, une dame du poste frontière nous a appelé un taxi qui pourrait nous amener rapidement au point de départ de la randonnée que nous avions prévue. Nous avons pu ainsi rencontrer Garvis, dans notre top 2 des chauffeurs de taxis pour l’instant. Il nous a proposé de monter à l’avant de son minibus avec lui et s’est transformé en vrai guide touristique. De langue néerlandaise, il avait un sacré accent et nous avons tous les deux dû faire pas mal d’efforts pour suivre. Mais sa conduite était douce et sûre et il nous a fait tout notre programme d’excursion !
Il nous a proposé de déjeuner dans un chouette restaurant avec vue sur la mer (moi j’étais moyen contente parce que mon estomac était toujours en vrac mais on s’est quand même fait plaisir) et nous a indiqué comment aller au sentier de randonnée.
On a dû faire la petite boucle faute de temps, on s’est dit qu’on reviendrait une autre fois faire la grande, qui était de toute façon complètement dans les nuages.
Je craignais un peu le retour en bateau mais il s’est mieux passé que l’aller : nous avons compris où nous asseoir pour éviter de se prendre des vagues d’eau dans la tête et nous avons pu rester à l’air libre tout le long. Je sais maintenant que le moment le plus difficile en bateau est l’arrivée : entre le moment où on voit notre destination et le moment où le bateau accoste c’est toujours interminable.
Petit point de situation sur notre expérience touristique à Saba : à l’aller nous étions 5 personnes dans le bateau, au retour nous étions 8. (On parle d’un ferry pour 150 personnes.) Au restaurant, nous devions être une quinzaine de personnes dont quelques locaux. Pendant la randonnée nous avons croisé 2 personnes. C’est peut-être son inaccessibilité qui fait le charme de Saba (bien qu’il existe des lignes aériennes pour la rejoindre en plus des navettes maritimes) ou bien peut-être avons nous été chanceux. Dans tous les cas, toutes les personnes que nous avons croisées ont été prévenantes et bienveillantes.
Sa géographie est différente de celle des autres îles : à Saint-Martin ou Tobago où nous sommes en ce moment, les zones habitées sont sur les côtés de l’île, autour des plages, et le milieu de l’île est composé de collines de forêt tropicale. A Saba, les habitations sont au cœur de l’île, dans le cratère du très ancien volcan. Tout le reste est composé de hautes falaises (le plus haut sommet est à 887m, c’est la randonnée que nous aurions aimé faire). Une très grande partie de l’île est un parc naturel et il existe de nombreux chemins de randonnée. Sa forêt tropicale est très réputée parce qu’elle est très humide et très bien préservée.
Je pense que Saba a été ma première expérience de dépaysement. A Saint-Martin, nous avions souvent l’impression d’être sur la Côte d’Azur. Les gens parlent français, on paye en euro, on fait nos courses au Super U et mis à part les vaches sur les routes et l’anarchie de la circulation, on peut vite oublier où on est. En revanche à Saba, on était aux Pays-Bas tropical (déjà c’est une sensation étrange), entourés d’une population très mixte : expatriés néerlandais grands, blonds, beaux ; descendants de colons néerlandais aux corps marqués par la dureté du quotidien (comme Garvis par exemple) ; descendants d’amérindiens ; descendants d’esclaves noirs ; descendants d’immigrés indiens. Ces personnes vivent ensemble sur une toute petite île éloignée de tout, entourés de hautes montagnes et conduisant sur des routes étroites et très raides qui sont impraticables dès qu’il pleut.
C’était magnifique et avait l’air extrêmement rude en même temps.






J’ai l’impression que je vais beaucoup avoir cette sensation ici : aller à Saba pour quelques heures m’a donné envie d’y retourner. De voir qu’un tout petit peu, on aperçoit tout ce qu’on n’a pas pu voir encore.
Nous verrons bien si nos pas nous conduisent à Saba à nouveau !