Je crois que ma sortie dans le monde m’a épuisée. A moins que ce ne soit ma nuit dernière au sommeil agité. Il paraît qu’on fait tous des rêves bizarres. Je sais que j’en fais aussi mais je ne m’en souviens pas, il faudrait que je commence à les noter. Pourtant depuis le début du confinement je me réveille souvent en me disant que celui-ci était encore absurde et malaisant. Des gens qui pleurent, des gens qui crient, tout ça. Enfin bref retenons que je suis fatiguée, pour changer. Je devrais essayer d’écrire ces articles plus tôt dans la soirée.
Je suis allée faire mes courses à la Louve, j’y suis arrivée exactement à la même heure qu’hier (oups, toujours à la bourre), mais cette fois-ci en vélo (ouais !). Et personne ne faisait la queue devant le magasin. Ouais ! Je viens de penser que puisque la Louve est fermée le dimanche et le lundi, c’est probablement logique que le magasin soit pris d’assaut le mardi. Ah, à noter pour la prochaine fois ! Je n’ai pas fait la queue à l’extérieur mais j’ai longtemps regardé les 4 personnes devant moi choisir avec soin et désorganisation leurs légumes avant de pouvoir à mon tour récupérer 2 salades et 3 bananes pour ne pas faire attendre plus longtemps les suivants. Bon ok ce n’est pas si vrai, je suis aussi restée 30 bonnes secondes devant les blettes à me demander si vraiment j’étais obligée de respecter les saisons et de choisir des légumes d’avril. J’ai pris les blettes. On n’a qu’une planète Terre.
Cette fois-ci j’étais enrhumée (les allergies ou un virus mutant ?) donc j’ai passé mon temps à toucher mon nez, me moucher, mélanger mes doigts au magasin et à mon visage. Oups, la maladie me guette.
Surtout j’ai été prise d’une mini-angoisse en partant de chez moi, dans l’ascenseur avec mon vélo, parce qu’ils ont affiché une nouvelle note à côté des boutons des étages avec la marche à suivre en cas de panne. Et ce conseil, éviter de prendre l’ascenseur après 18 heures. Oui, je sais bien qu’ils ont dû afficher ce type de papier dans tous les ascenseurs pour que les dépanneurs puissent aussi rester confinés. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si nous on l’avait mis ici parce que notre ascenseur était davantage susceptible de se bloquer que les autres. Je n’ai jamais vu cet ascenseur en panne depuis 1 an et demi. Sauf que depuis quelques années je développe une mini-phobie de ces petits appareils, phobie exacerbée quand je suis fatiguée. Alors souvent je prends les escaliers, pour m’éviter d’y penser. Mais avec le vélo pas le choix. Et le pire mon dieu c’était au retour, je devais peser 40 kilos de plus avec toutes mes courses (déjà que j’ai cru que ma bicyclette allait me lâcher pendant tout le trajet), j’ai vraiment serré les dents en comptant les étages. Entre l’idée que l’ascenseur pouvait à tout moment aller se crasher au -2 et la question de choisir qui j’appellerais en premier pour faire passer le temps si je restais coincée entre le 2ème et le 3ème étage, sachant que ça ne capte pas vraiment dans cet ascenseur. Au moins j’aurais eu à manger. Mais pas grand chose d’autre à boire d’autre que du vinaigre balsamique.
Si mes nuits étaient plus douces je baliserais moins dans les ascenseurs.
Cette journée a été rythmée par des vidéos à l’intérêt variable. Ça a commencé par des vidéos de yoga, comme tous les matins maintenant.
Et très vite ça a dérapé, pour le travail (oui oui !) j’ai regardé plusieurs clips de Sylvie Vartan : des medleys kitsch, des extraits de passages chez Pascal Sevran, des clips d’une grande qualité. Ce clip-ci nous a valu une bonne séance de rigolade avec Charlotte (que j’entraîne régulièrement dans mes turpitudes) : https://www.youtube.com/watch?v=caCz3sVkqzI Entre la chorégraphie, les costumes, les paroles, la dame qui chante et danse légèrement en décalé, on ne sait plus où donner de la tête.
Ensuite on a fait un dej conf avec les copines, on s’appelle pour manger ensemble par vidéo. Bon elles avaient quasiment toutes déjà mangé. Mais c’est super, ça fait comme dans la vraie vie, avec la caméra sur moi en plus. Je me suis regardée mâcher mes petits pois.
Avec les apéro skype et les soirées film à distance on réinvente la sociabilité ces jours-ci.
Pour rattraper le niveau après Sylvie Vartan, j’ai regardé des vidéos de soirées de conférences attac sur des sujets liés au confinement. Toutes ces personnes instruites, intéressantes et intelligentes qui font des appels vidéos avec en arrière plan leurs incroyables bibliothèques. Ça m’a donné envie d’avoir beaucoup beaucoup de livres quand je serai grande. Je me suis demandé s’ils choisissaient exprès de s’installer devant leur bibliothèque. Je me suis demandé si tous les chercheurs d’attac avaient d’aussi grandes bibliothèques. Si tous les chercheurs avaient d’aussi grandes bibliothèques, même ceux qui habitent à Paris. Et puis là sur les 2 conférences que j’ai regardées, la moitié des chercheurs avaient des accents chantant du sud de la France et ça m’a rappelé toute la tendresse et l’attachement que j’ai pour attac. Attac c’est une association altermondialiste qui réunit tout un tas de chercheurs de domaines différents et des personnes plus ordinaires qui veulent contester la toute puissance de la finance, du libéralisme, des multinationales et inventer un autre monde plus égalitaire et juste où la richesse est répartie équitablement et non uniquement redistribuée aux actionnaires. Attac ça veut dire « Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne » et je ne vais pas tout expliquer ici parce qu’on n’a pas la nuit, mais c’est très intéressant, je recommande encore plus que les clips de Sylvie Vartan.
Et surtout, comme je m’en suis souvenue tout à l’heure en regardant ces vidéos, ça redonne un espoir fou en l’humanité et l’avenir parce que ces spécialistes sont encore optimistes. Et là ils réfléchissent à une manière de tirer le meilleur de cette crise sanitaire. Même si ce n’est pas gagné, ils ne lâchent pas l’affaire et ça m’a redonné envie d’aller militer.
Bon, après, quand on pourra de nouveau sortir.
Bon, espoir à relativiser quand même, parce que sur l’aspect sécuritaire et privation des libertés ils ne sont plus très optimistes. Et le temps qui passe, les mesures gouvernementales qui s’accumulent et les systèmes de traçage qui se préparent ont l’air de leur donner raison.
Bon.
Je vais continuer à regarder ces vidéos pour élargir mes horizons, et je peux les regarder en coloriant ce qui est toujours bon à prendre.
Enfin, demain je travaille toute la journée. Fini la rigolade.